

Interdiction totale des smartphones dans les écoles britanniques : menace ou protection pour les adolescents ?
Certains considèrent les smartphones comme le mal du XXIe siècle, d’autres comme une partie intégrante de la vie. Les smartphones sont devenus un sujet de débats animés, surtout quand il s'agit d'enfants et d'adolescents. Et au Royaume-Uni, une mesure radicale a été prise : à partir de 2024, toutes les écoles du pays devront interdire l’utilisation des smartphones dans leurs établissements.
Un sondage mené début 2025 montre que cette interdiction a été mise en place dans presque toutes les écoles anglaises (99,8 % des écoles primaires et 90 % des écoles secondaires). Cependant, la position des scientifiques n’est pas aussi claire que celle des autorités.
L’interdiction est-elle réellement la meilleure solution ? Tentons de comprendre.
Sommaire :
- Que dit la science ? La position du Dr. Amy Orben
- Les inconvénients de l’interdiction : isolement et méfiance
- L’alternative : enseigner, pas interdire
- Pourquoi ce débat a-t-il commencé ?
- Conclusion : ce qui est le plus important, le contrôle ou la confiance ?
Que dit la science ? La position du Dr. Amy Orben
Amy Orben, neuropsychologue à l’Université de Cambridge, étudie depuis plusieurs années l’impact des technologies numériques sur la psychologie des adolescents. Et sa position, pour le dire simplement, ne coïncide pas avec celle des autorités.
Elle affirme : « L’interdiction est une décision politiquement efficace, mais il n’y a pas encore de fondement scientifique pour la justifier. »
Dans un article récent du The Guardian, publié le 3 avril 2025, il est rapporté que le Dr. Orben s’oppose à l’introduction de telles interdictions radicales. Elle les qualifie de « irréalistes et potentiellement nuisibles ».
Comparant l’interdiction des smartphones aux mesures contre le tabagisme, Orben précise :
« Les interdictions et les restrictions ont été utilisées avec succès dans les domaines de la santé publique. Mais fumer ne peut pas être comparé à l’utilisation des smartphones et des réseaux sociaux, car les effets nocifs du tabagisme sont vastes, évidents et bien plus importants que les bénéfices possibles. »
La neuropsychologue souligne que les preuves scientifiques concernant l'impact des smartphones sur les adolescents restent insuffisantes, et recommande d'adopter des stratégies plus subtiles, comme la promotion de la culture numérique et la sécurisation des plateformes.
Les inconvénients de l’interdiction : isolement et méfiance
Prenons un adolescent moyen. En dehors de l’école, il est constamment connecté : il échange des messages, écoute de la musique, prend des photos, participe à des chats et aux réseaux sociaux. Ce n’est pas juste un « divertissement » — c’est une partie essentielle de sa vie sociale. Maintenant, imaginez qu’à l’école, on lui dise : « Le smartphone est interdit ». Interdiction totale, sans exceptions, point final.
Qu’est-ce que ressent un adolescent ? Souvent, ce n’est pas seulement de l’irritation, mais un véritable sentiment de perte de repères. On lui retire un outil familier, mais on ne lui explique pas comment établir une relation saine avec lui. C’est un peu comme si, dans les années 80, quelqu’un avait essayé d’interdire aux enfants de discuter pendant les récréations.
Regardons les choses en face. Des centaines de parents utilisent des smartphones pour coordonner avec leurs enfants, savoir où ils se trouvent, rester en contact (après tout, il s’agit de la sécurité des enfants). Les enseignants les utilisent pour mener des activités interactives. Oui, passer des heures sur TikTok n’est pas de l’éducation, mais exclure totalement la technologie de l’environnement scolaire semble aujourd’hui anachronique.
L'alternative : enseigner, pas interdire
Alors, quelle est l'alternative ? De plus en plus, on entend une idée logique : ne pas retirer les smartphones des écoles, mais enseigner aux élèves comment les utiliser de manière responsable.
Le terme « littératie numérique » commence à émerger. Ce n’est pas seulement des cours sur « comment ne pas se faire avoir par les fake news ». Il s'agit de l'utilisation consciente des technologies : comment distinguer le contenu utile du nuisible, comment comprendre l’influence des algorithmes, comment gérer son temps en ligne.
Dans de nombreuses écoles en Europe et en Asie, des expérimentations sont déjà en cours : on apprend aux adolescents à « conclure des accords » avec eux-mêmes — par exemple : « Je ne consulte pas les réseaux sociaux pendant les cours, mais je peux y passer une heure le soir. » Ou encore : « Je désactive les notifications pendant la nuit. » Ce ne sont pas des règles imposées, mais des compétences d'auto-régulation qui leur seront utiles dans la vie adulte.
Pourquoi ce débat a-t-il commencé ?
Parce que l'anxiété chez les adolescents est en hausse. Surtout après la pandémie. Les études montrent que le niveau de dépression, d’isolement social et de peur de rater quelque chose (FOMO — fear of missing out) est en forte augmentation.
Oui, les smartphones jouent un rôle — tout comme les réseaux sociaux, la comparaison avec les autres, les likes, les filtres. Mais la cause ne réside pas uniquement dans les gadgets. C’est un cocktail plus complexe : pression sociale, stress scolaire et manque de communication réelle.
Interdire les smartphones, c’est enlever un symptôme, mais pas la cause. Et si nous voulons vraiment aider les adolescents, il faut travailler avec leurs habitudes et leur monde intérieur, pas juste avec les appareils dans leur sac à dos.
Conclusion : ce qui est plus important, le contrôle ou la confiance ?
L’interdiction peut sembler une solution simple. Mais simple ne signifie pas toujours juste. Peut-être faudrait-il ne pas fermer la porte du monde numérique aux adolescents, mais entrer avec eux — pour les aider à comprendre, choisir et survivre dans cette tempête d’informations.
Revenons une fois de plus à l’opinion du Dr. Orben : les smartphones ne sont pas la boîte de Pandore. Tout dépend de la manière, du pourquoi et de la quantité avec lesquels nous les utilisons. Si l’on prend simplement les appareils des adolescents sans expliquer pourquoi et sans leur proposer d'alternatives, ils ne deviendront pas plus sains, heureux ou socialement actifs. Ils deviendront… isolés.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Est-ce que les enfants ont vraiment besoin de règles strictes, ou est-ce plus important de leur apprendre l'auto-contrôle ?
Tout sur l'Éducation à l'étranger et au-delà


Dernières nouvelles du monde de l'éducation : 7 juillet - 13 juillet
